Le calme... Enfin le calme. Juste ce calme que j'aime tant, songea le directeur de l’orphelinat «New Hope» en regardant par la fenêtre de son bureau. Effectivement, pour l'instant la quiétude régnait sur les habitants de NH.. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que ça n’allait pas durer. Le ciel paraissant pourtant d'un bleu sans nuages! En effet, la petite Chrissy était rentrée saine et sauve après des semaines de séquestration, mais hélas sans le moindre souvenir. Maximillian, le psychologue de l'établissement, a justifié ça par le choc émotionnel puis a ajouté qu'on ne pourrait rien tirer de la fillette et qu'il valait mieux la laisser tranquille. Ce que tout le monde fit, au grand désarroi de la presse à scandale qui se faisait déjà une joie de s’occuper de cette affaire! A la place tout le monde a repris son petit train de vie. La presse s'est désintéressée de l’orphelinat, les 0-5 ans sont toujours aussi mignons, les 6-11 sont tout aussi excités qu'avant, les 12-16 continuent leurs crises d’adolescence... Et le directeur gère le tout avec sa bienveillance habituelle et un tout nouveau sourire. Bref tout est redevenu nor...

« M'sieur l'directeur, m'sieur l'directeur! »

Arraché de ses pensées, le blond sursauta avant de lentement se retourner vers cette voix familière. Il prit un ton calme.

« Oui?
- M'sieur c'est horrible, Florian est tombé dans les escaliers du 3ème étages !
- Florian Brzezinski?
- Oui!
- Oh mon Dieu ! »

Ils coururent tout deux vers les dortoirs des garçons pour y découvrir le corps désarticulé du petit garçon entouré d’une foule d’enfants curieux.  

« Ecartez vous, il n’y a rien à voir ! Jay, appelle les secours s’il te plaît. »

Et dire que ce matin encore tout semblait parfait.

[…]



Le directeur regardait Mr. Ainsworth dans le blanc des yeux, médusé. Il n’en croyait pas ses oreilles. Le psychologue avait interrogé Florian ainsi que pas mal de ses camarades et ça ne faisait aucun doute : les troubles qu’ils avaient connu pendant un mois entier étaient revenus. Le petit garçon affirmait avoir été poussé dans les escaliers, il a même senti de grandes mains dans son dos… Alors que tout l’orphelinat était d’accord pour le dire : il était seul dans les dortoirs à ce moment là, étant donné qu’il était parti râler dans son coin. Et tout le monde sait qu’on ne doit pas déranger Florian lorsqu’il boude, sous peine de grosse colère. Il est à présent à l’hôpital dans un sale état…
Le principal n’était plus sûr de rien… Que devait-il faire ? Rien pour le moment. Et cette fatalité le détruisait. La presse n’allait pas tarder à arriver et il le savait. Tout le monde était en panique et il ne pouvait rien faire à part paraître confiant pour les rassurer. Il se leva, prit Ainsworth par le bras et l’accompagna jusqu’à la porte.

«Surtout ne t’inquiète pas, je suis sûr que ce n’est qu’un accident ! Vas rassurer les enfants, je pense qu’il en ont besoin. J’ai encore quelques paperasses à remplir… »

Le jeune homme regarda son supérieur d’un air préoccupé. De fait, il était mort d’inquiétude. Son plus grand défaut était de faire trop attention aux autres, et toutes ces péripéties qui leur tombent dessus en ce moment n’arrangent pas son état de stress. Il partit néanmoins faire son travail, essayant de se ressaisir. Le directeur resta à la porte quelques minutes, juste assez pour voir passer Alexander, l’un des aînés de la maison, l’air enjoué.

« Bonjour m’sieur ! Quelle magnifique journée pour la saison, vous ne trouvez pas ? »

Il s’en alla, tout sourire. Pourquoi tant de joie dans un jour aussi sombre ? Ces quelques mots suffirent au proviseur pour éveiller ses soupçons. Est-ce que lui et ses trois meilleurs amis y étaient pour quelque chose dans cette affaire ? C’est plus que probable, bien que deux d’entres eux aient déjà quitté l’orphelinat…
Il referma lentement sa porte, la tête pleine de questions. Les problèmes ne faisaient hélas que commencer…